GAFAM : à quand la fin de l’empire ? Épisode 1 – une emprise bien installée

GAFAM : à quand la fin de l’empire ? Épisode 1 – une emprise bien installée

Voilà un (de plus !) sujet peu abordé par les grands médias et qui ne semble pas beaucoup préoccuper la majorité de la population : la puissance hégémonique des GAFAM.

 

Ces entreprises, vous les connaissez. Elles sont partout : Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft.

 

Dans cet article, nous souhaitons vous montrer à quel point ces géants du numérique se sont installés dans nos vies quotidiennes. Et dans nos entreprises, nous constatons qu’une volonté forte en ce qui concerne la RSE et la transition écologique ne se traduit pas toujours dans la prise en compte de ce sujet.

 

Notre objectif est aussi d’alerter sur les risques liés à cette emprise. Nous voulons aussi vous donner notre définition d’une solution numérique éthique et responsable. Et, surtout, nous voulons proposer des solutions concrètes pour “dé-GAFAM-iser” notre économie et nos vies !


Le sujet est vaste et nous avons essayé de le traiter en profondeur, sous la forme de 5 “épisodes”. Contactez-nous pour interagir sur ce sujet fondamental pour notre avenir collectif !

Épisode 1 : Les GAFAM : une emprise bien installée

Les GAFAM sont partout.

Connaissez-vous quelqu’un qui n’utilise jamais un produit ou service de ces entreprises géantes ? Ces résistants existent, mais ils se font rares !

Découvrons pourquoi. 🚀

La vie quotidienne – version numérique

Les applications proposées par les GAFAM sont devenues la solution par défaut pour l’univers numérique des particuliers.

Prenons les téléphones. Aujourd’hui, la plupart sont équipés du système d’exploitation Android (Google) ou d’iOS (Apple).

Avez-vous vraiment le choix ? Les fabricants et opérateurs télécoms vous proposent-ils des alternatives ? Pour l’instant, non.

En 2018, des enquêteurs d’Associated Press ont épinglé Google pour un petit souci de confidentialité.

La raison ? Les smartphones et appareils équipés du système Google continuaient de suivre la géolocalisation de ces derniers, et ce même quand l’utilisateur désactivait l’historique des positions. Pour réellement désactiver le traçage par Big Google, il fallait cliquer sur une autre option…

Et votre ordinateur ? C’est un secret de polichinelles que Microsoft détient une position de quasi-monopole sur les systèmes d’exploitation, avec Windows. Bien qu’Apple lui aussi ait beaucoup progressé ces dernières années.

Quelles sont les alternatives possibles ?

Elles existent, mais – avouons-le – sont bien plus compliquées :

  • Pour votre téléphone : installer une version dé-Googlisée d’Android (ce qui n’est pas si simple pour la majorité des gens !) ou carrément acheter un téléphone linux ou autre.
  • Pour votre ordinateur : passer sous Linux. Ce choix implique que vous ne pourrez plus utiliser beaucoup de vos logiciels habituels (Office, Adobe, jeux, etc.). Il vous faudra donc en complément trouver des alternatives pour ces applications, qui soient libres et open source. Nous avons justement prévu de vous en proposer, dans un prochain épisode 🙂

Le cas d’Amazon : c’est pas gagné !

Évoquons le cas particulier d’Amazon, qui est un vendeur en ligne avant tout, et s’est aussi muté en un acteur majeur de l’IT.

La société est bien connue du grand public, pour la capacité qu’elle offre à trouver à peu près n’importe quel produit, à un prix attractif, et avec une solution de livraison rapide et peu chère.

Cette machine de guerre de l’e-commerce n’est toutefois pas sans causer des problèmes, dont certains majeurs :

  1. L’impact environnemental. L’e-commerce en général génère du transport (il faut bien apporter le produit jusqu’à votre boîte aux lettres). Cela entraîne une augmentation des émissions de gaz à effet de serre dues aux livraisons et aux retours. Les entrepôts géants d’Amazon consomment aussi d’importantes quantités d’énergie et génèrent des déchets d’emballage. Mais le pire du pire, c’est que pour être en mesure de vous livrer aussi vite, Amazon fait des stocks conséquents de nombreux produits, à tel point que des milliers de tonnes de produits sont ensuite détruits, car non vendus. Un circuit de logistique parallèle, dédié à cette destruction des invendus, a même été mis en place par Amazon.
  2. La pression sur les petits commerces. La domination d’Amazon dans le domaine de l’e-commerce entraîne la fermeture de petits commerces locaux. Ces derniers ont du mal à rivaliser avec la large gamme de produits, les prix bas et la livraison rapide proposés par Amazon.
  3. Les conditions de travail. Si vous travaillez au siège d’Amazon, nous sommes prêts à parier que vos conditions de travail doivent approcher l’idéal. Mais dans les entrepôts d’Amazon, ce n’est pas la même chose. Les conditions de travail ont été critiquées, notamment en ce qui concerne les horaires de travail intensifs, les cadences élevées, la surveillance constante et les rémunérations parfois insuffisantes. Et les livreurs ? Ils ont tellement de paquets à livrer, à des cadences infernales (Amazon ferait vraiment tout pour économiser un peu d’argent !) que certains d’eux ne prennent même pas le temps d’attacher leur ceinture de sécurité.
  4. La congestion urbaine. La livraison rapide (en 1 jour ?) et l’augmentation des volumes de colis liés à l’e-commerce peuvent contribuer à la congestion du trafic urbain, en particulier dans les zones à forte densité de population. La livraison par drone résoudra-t-elle le problème ? Peut-être, mais sur cet aspect là uniquement… Quand on analyse les répercussions négatives de l’e-commerce, cette ‘solution’ ne ferait qu’empirer d’autres paramètres. Ce ne serait qu’un pansement sur une hémorragie ! 🛩️ 
  5. La surexploitation des ressources naturelles. La production massive d’emballages, de produits électroniques et d’autres marchandises liées à l’e-commerce entraîne une surexploitation des ressources naturelles, telles que l’eau, les métaux précieux et les matières premières.
  6. La discrimination des vendeurs tiers et la distorsion de concurrence. Amazon permet aux vendeurs tiers de vendre leurs produits sur sa plateforme. Mais ce n’est en rien une offre généreuse de leur part. Amazon, du haut de sa position dominante sur son marché, peut se permettre de discriminer les produits de vendeurs tiers, en leur appliquant – par exemple – des frais plus élevés, ou en accordant un traitement préférentiel à ses propres produits. Amazon est même en mesure d’appliquer une stratégie peu scrupuleuse : elle casse ses prix, quitte à être en perte sur un lancement de produit, pour écraser la concurrence des jeunes marques. Une fois la jeune marque en faillite, elle est libre de réhausser ses tarifs à sa guise. Sur le marché de la concurrence déloyale, Amazon est reine !
  7. L’incitation à la consommation excessive. L’e-commerce en général facilite l’achat impulsif et la surconsommation. Mais Amazon pousse l’optimisation de l’incitation à acheter toujours plus à son summum. Des bataillons d’ingénieurs, de marketeurs et d’algorithmes d’intelligence artificielle s’attèlent à la tâche. Tout est conçu, au millimètre près, pour que vous achetiez ce produit en plus, et puis celui-ci, et pourquoi pas ce petit dernier ? Tout cela contribue à une utilisation excessive des ressources, à un gaspillage accru et à une accumulation de déchets. Sans compter l’impact sur votre portefeuille !
  8. La désertion des centres-villes. La popularité d’Amazon a un impact négatif sur les centres-villes. De nombreux consommateurs préfèrent faire leurs achats en ligne plutôt que de fréquenter les magasins physiques. Cela peut entraîner une baisse de la fréquentation des commerces locaux, affectant ainsi la vitalité économique des quartiers.

Selon un article de Fortune de juin 2023, les retours d’achats en ligne sont devenus un problème majeur, coûtant aux détaillants environ 816 milliards de dollars en ventes perdues en 2022. Ce coût, il finit d’une façon ou d’une autre par augmenter le prix des produits vendus (ou baisser la marge des vendeurs).

Mais un autre gros problème est associé à ces retours : ils génèrent 24 millions de tonnes d’émissions de CO2 par an. Le processus de gestion des retours implique en effet des transports, des emballages et de la main-d’œuvre. Les articles finissent souvent dans des décharges s’ils ne peuvent pas être revendus ou remis en état de manière rentable.

Alors que les retours gratuits étaient une offre populaire, les détaillants commencent à facturer l’expédition des retours et à mettre en œuvre des stratégies visant à réduire les taux de retour, telles que des fenêtres de retour plus courtes et une meilleure information sur les produits.

De votre côté, en tant que consommateur, vous pouvez contribuer à réduire l’impact environnemental en utilisant des cabines d’essayage virtuelles et en prêtant attention aux informations sur les tailles.

En bref, l’e-commerce version Amazon, ce n’est pas que les avantages qu’on perçoit de manière immédiate, en tant que consommateur.

Notre propos dans cet article porte plutôt sur le numérique. Il est donc important de savoir qu’Amazon, précurseur dans le domaine, est le grand gagnant en termes de parts de marché dans les services Cloud. En 2020, AWS avait 32% de part de marché, loin devant :

  • Microsoft Azure (20%) ;
  • Google Cloud (7%) ;
  • et Alibaba (6%).

Par ailleurs, AWS représente bien l’activité la plus rentable d’Amazon, 63% des bénéfices (plus de 13 milliards d’€) réalisés en 2020 étant attribuables à AWS.

La vie des entreprises

Du côté des entreprises également, l’hégémonie des GAFAM est indéniable.

Vous avez le choix aujourd’hui entre :

  • Windows et Office 365 ;
  • Google Workspaces (avec ses nombreux outils intégrés : Gmail, Drive, Contacts, Calender, Docs, etc.) ;
  • Apple (avec iCloud et ses outils de synchronisation iOS)

Alors, oui, il est possible d’installer Linux sur les machines de votre équipe, et nous vous y encourageons. Mais il faut avouer que cela reste encore une décision engageante.

En ce qui concerne l’hébergement des services, 3 options principales prédominent actuellement sur le marché :

  • Amazon AWS ;
  • Google Cloud Platform ;
  • Microsoft Azure.

Ce sont les solutions les plus abouties et qui proposent des services d’un niveau supérieur à la concurrence. Il ne s’agit pas d’un simple serveur avec un nom de domaine associé, mais des solutions complexes, « managées », rendues facile d’utilisation (orchestration, haut-disponibilité des bases de données, etc.).

Les alternatives restent plus difficiles d’accès. Ce sont des solutions plus jeunes, n’ayant pas encore autant de fonctionnalités, ni forcément la même stabilité ou fiabilité.

Par contre, ces alternatives sont en général moins chères. Par exemple, OVH et Scaleway sont environ 2 fois moins chers qu’AWS et Azure. Et Infomaniak, le roi des hébergeurs éthiques, propose des services de plus bas niveau mais jusqu’à plus de 4 fois moins cher.

Les raisons de l’hégémonie des GAFAM

Comment ces services des GAFAM sont-ils parvenus à une telle hégémonie ?

  • Le niveau de finition des applications est très bon. Et l’onboarding est simplifié, voire inexistant, car il s’agit de la solution installée par défaut.
  • L’innovation technologique constante attire les entreprises souhaitant profiter d’une meilleure productivité, ou soyons lucides, aussi pour suivre la meute.
  • La gratuité d’une majorité des services, particulièrement dans le cas de Google et Facebook.
  • Les effets réseau puissants : rejoindre un “écosystème” où tout le monde se trouve, c’est tellement plus simple.
  • La facilité : lorsque vous choisissez un OS (Operating System, ou système d’exploitation) chez un des GAFAM (Google, par exemple), vous bénéficiez instantanément d’une galaxie de services prêts à l’emploi : Photos, Drive, Gmail, Calendar etc. Même chose chez Microsoft avec Outlook et Office (Word, Excel, Photoshop).
  • Le support aux utilisateurs : s’il y a une chose que les GAFAM ont pour eux, c’est leur orientation “satisfaction client”. Vous pouvez obtenir de l’aide gratuitement et rapidement si vous rencontrez le moindre problème lors de l’utilisation de vos applications.
  • Les budgets marketing et publicitaires, qui semblent illimités ! Tous les produits des GAFAM ne se valent pas. Certains étaient même tellement “moyens” qu’ils ont disparu. Est-ce que quelqu’un a pleuré lorsque Google a décidé d’arrêter son réseau social Google+ ? Ce n’est pas un problème lorsqu’on a des milliards à dépenser chaque année en campagnes publicitaires !

Dans la littérature de la Silicon Valley, on retrouve souvent cette idée-phare qu’une start-up doit le plus rapidement possible atteindre une taille critique, pour bénéficier de la puissance de l’effet réseau. Il s’agit de prendre une telle place sur le marché qu’un concurrent aura de grandes difficultés à se faire une place.

Or, aujourd’hui, quasiment tout le monde est sur Facebook, Instagram ou Whatsapp, écoute ou a écouté de la musique via Apple, et regarde des vidéos sur Youtube.

Et bien entendu, tout le monde optimise son site Web spécifiquement pour plaire aux algorithmes de Google…

Plus le nombre d’utilisateurs de ces plateformes augmente, plus la valeur de ces plateformes augmente pour tous les utilisateurs. Cette dynamique crée des barrières à l’entrée pour les nouveaux concurrents et renforce la position des GAFAM.

Envie d’en parler ? Contactez-nous !  Et en attendant, nous vous donnons RDV très prochainement pour le 2ème épisode de cette série !