Nos smartphones : travail forcé, travail des enfants, conflits armés et pollution extrême
Les smartphones sont devenus des accessoires incontournables dans notre vie quotidienne. En juillet 2024, on estime que 5,61 milliards de personnes dans le monde possèdent un smartphone, soit une augmentation de 2,5% par rapport à l’année précédente.
Chaque année, ce sont donc des centaines de millions de nouveaux appareils qui sont vendus partout dans le monde.
Et ce n’est plus à démontrer, les smartphones ont un rôle central dans nos communications et interactions sociales. Ils sont utilisés aussi bien dans la sphère personnelle que professionnelle ou éducative.
En moyenne, nous passons 5 heures et 1 minute par jour sur notre smartphone dans le monde, et 3 heures 37 minutes en France.
Mais derrière cette omniprésence se cache une réalité bien plus sombre : l’impact environnemental et sociétal désastreux lié à la production de ces appareils… On en parle en détails dans les lignes à suivre !
Une autre lecture à découvrir : 79 livres essentiels pour tout savoir de la transition écologique et de la RSE
L'impact environnemental et sociétal des smartphones
La production et l’utilisation des smartphones ont des répercussions considérables sur notre environnement et notre société. Ces impacts se manifestent à chaque étape du cycle de vie de ces appareils, de l’extraction des matières premières à leur élimination en passant par leur fabrication et leur utilisation.
Pour bien comprendre l’ampleur de ces enjeux, il est essentiel d’examiner en détail chacune de ces phases, en commençant par l’extraction des matières premières nécessaires à la fabrication des smartphones.
Une extraction des matières premières problématique
Il faut savoir que la fabrication des smartphones nécessite de nombreux métaux rares comme le cobalt, le coltan ou le lithium. L’extraction de ces minerais a de lourdes conséquences environnementales et humaines !
En République Démocratique du Congo (RDC), qui produit plus de 50% du cobalt mondial, environ 40 000 enfants travailleraient dans des mines de cobalt dans des conditions extrêmement dangereuses.
Ils sont exposés à de multiples risques physiques et à des violations psychologiques, avec pour retour un maigre revenu qui ne permet qu’une simple subsistance de leur famille.
L’exploitation minière contribue aussi à la déstabilisation du tissu social.
Dans certaines régions, l’extraction des “minerais de conflit” comme le coltan alimente l’instabilité et les conflits armés.
Les communautés locales souffrent aussi de la destruction des écosystèmes et de la pollution de l’eau due à l’usage intensif de produits chimiques.
Des conditions de travail dans les usines désastreuses
Saviez-vous que la fabrication des composants des smartphones est souvent sous-traitée à des usines situées en Asie, notamment en Chine ?
Et il se trouve que les conditions de travail y sont très difficiles.
Dans les usines sous-traitantes d’Apple, HP ou Lenovo, des enquêtes ont révélé :
- des heures supplémentaires excessives allant jusqu’à 250 heures par mois,
- des cas de harcèlement sexuel,
- et l’exploitation massive de main d’œuvre temporaire.
De nombreux abus contreviennent aux normes internationales et même à la loi chinoise…
Un lourd impact sur les communautés locales
L’extraction minière et la production de composants génèrent une pollution environnementale tout simplement massive.
En Chine, l’exploitation du néodyme utilisé dans les aimants des smartphones rejette des eaux acides et même des déchets radioactifs qui contaminent les sols et les rivières.
Les populations locales en subissent les conséquences sanitaires de manière très directe.
Comme le souligne Guillaume Pitron, journaliste et auteur du livre “La guerre des métaux rares” : “On délocalise la pollution. On ne veut pas voir l’amont et l’aval du téléphone. On laisse d’autres pays, plus pauvres, souiller leur environnement et attraper des cancers, mais on se garde bien d’en parler. C’est d’une immense hypocrisie.”
L’obsolescence programmée et des déchets électroniques à gogo !
Pour stimuler leurs ventes, les fabricants de smartphones ont recours à une pratique qu’on appelle l’obsolescence programmée.
Les appareils sont volontairement conçus pour avoir une durée de vie limitée, avec des composants difficilement remplaçables.
Le but ? Inciter les consommateurs à racheter régulièrement un nouveau modèle !
D’ailleurs, en moyenne, les Français changent de smartphone tous les 2 à 3 ans, alors que dans 88% des cas ces appareils fonctionnent encore.
Cela génère une quantité colossale de déchets électroniques, dont le traitement expose les travailleurs des pays en développement à des substances extrêmement toxiques. Or actuellement, seuls 14% des Français tenteraient de faire réparer leur smartphone en cas de panne.
La chaîne de valeur et la notion de matérialité dans les achats de smartphones
La chaîne de valeur des smartphones est très complexe et mondialisée.
Comme l’explique Erwann Fangeat de l’ADEME, ils font “quatre fois le tour de la Terre avant d’arriver dans nos magasins, entre l’extraction des matières premières, la fabrication des composants, leur assemblage et leur distribution”.
Pour une entreprise, l’impact RSE de ses achats de smartphones dépend de leur volume et de leur fréquence.
Prenons l’exemple d’une PME de 100 salariés. Si elle achète seulement 3 smartphones par an, cela n’aura pas de matérialité significative sur sa performance RSE globale. Au regard de ses achats au total, il s’agit de l’épaisseur du trait ! (ce qui n’empêche pas de se poser la question, mais elle ne sera pas prioritaire)
En revanche, si cette même entreprise renouvelle deux fois par an les appareils haut de gamme de tous ses salariés, l’impact devient beaucoup plus conséquent. C’est donc la notion de matérialité qui doit guider votre réflexion en matière d’achats technologiques responsables.
Chaque organisation doit donc évaluer précisément le poids de ses achats de smartphones et de matériel high-tech dans ses impacts sociaux et environnementaux, tout au long de la chaîne de valeur.
Il s’agit là d’une analyse de matérialité essentielle pour définir des priorités pertinentes dans la politique d’achats responsables, en cohérence avec la stratégie RSE globale.
Vous réfléchissez à une démarche en faveur de la transition écologique et sociale dans votre entreprise ou de votre collectivité ?
L'impact des smartphones sur les utilisateurs, c’est aussi un enjeu social !
Mis à part les enjeux environnementaux et des conditions de production, l’utilisation même des smartphones soulève de nombreuses problématiques sociales, en particulier chez les jeunes.
De plus en plus d’études montrent que l’usage excessif des smartphones par les adolescents a un impact négatif sur leurs résultats scolaires et leur concentration.
Selon un sondage de l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (Open), réalisé par Ipsos, les 11-14 ans passent en moyenne 3 h 07 par jour devant leur téléphone. En semaine, les 15-17 ans estiment passer 4 h 43 sur leur smartphone
Cette surconsommation d’écrans affecte la qualité du sommeil, génère de l’anxiété et de l’isolement social.
La multiplication des sollicitations et des informations liée aux smartphones entraîne une fragmentation de l’attention et une dégradation des capacités de raisonnement.
Sur le plan social, on constate un phénomène croissant d’addiction aux réseaux sociaux et une diminution des interactions en personne.
Peut-être avez-vous déjà vécu cette expérience de vous retrouver dans les transports en commun ou dans une salle d’attente, et de voir absolument toutes les personnes présentes le nez plongé dans leur smartphone ? L’auteur de ces lignes éprouve un profond sentiment d’inconfort : Orwell avait-il raison ?
En tant qu’entreprise en tout cas, il nous semble important de prendre en compte ces enjeux sociaux également dans votre politique RSE. Et cela, en sensibilisant vos collaborateurs à un usage raisonné des outils numériques et en promouvant des pratiques responsables pour préserver la santé et l’équilibre de vie.
Dans ce sens, le droit à la déconnexion, inscrit dans le Code du travail français depuis 2017, joue un rôle essentiel. Il vise à protéger les salariés de l’impact négatif de l’hyperconnectivité sur leur vie personnelle et leur santé, en leur permettant de ne pas se connecter aux outils numériques et de ne pas être contactés par leur employeur en dehors du temps de travail.
Mettez donc en place des dispositifs pour garantir ce droit, comme l’établissement de plages horaires où les courriels ne doivent pas être envoyés, ou la sensibilisation des managers à la nécessité de respecter les temps de repos des employés. Voilà autant de mesures qui aident à améliorer les conditions de travail, favorisant ainsi le bien-être des collaborateurs et, par extension, leur productivité !
La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) face aux enjeux des smartphones
La norme ISO 26000 définit le cadre de la responsabilité sociétale des entreprises autour de 7 questions centrales, qui s’appliquent pleinement aux enjeux liés aux smartphones et de manière plus générale à tous nos équipements numériques.
Les entreprises doivent notamment veiller au respect des droits humains tout au long de la chaîne d’approvisionnement, en s’assurant de conditions de travail décentes et en refusant toute forme d’exploitation. Cela implique de se questionner sur les achats d’équipements informatiques, qui sont souvent source d’impacts négatifs à ce niveau.
Elles ont aussi une responsabilité environnementale, pour limiter la pollution et préserver les ressources naturelles.
Sur le plan de la gouvernance, elles doivent faire preuve de transparence sur les impacts de leurs achats technologiques. Enfin, elles ont un devoir de vigilance vis-à-vis des communautés locales affectées par l’extraction minière et la production.
L’application des principes de la RSE aux achats de smartphones implique une évaluation rigoureuse des besoins réels de votre société.
Il vous faut éviter le renouvellement systématique des parcs et le suréquipement, en privilégiant la sobriété numérique. L’analyse de matérialité est essentielle pour concentrer les efforts là où les enjeux RSE sont les plus significatifs.
Visionnez notre webinaire :
“Comment faire de la RSE, avec peu de moyens ?”
Des solutions pour réduire l'impact sociétal des smartphones
Face à l’ampleur des défis sociaux et environnementaux posés par les smartphones, des solutions concrètes existent pour les entreprises et les consommateurs.
L’achat de smartphones reconditionnés ou d’occasion est un levier majeur pour allonger la durée de vie des appareils.
Selon l’ADEME, opter pour un téléphone reconditionné plutôt que neuf permet de réduire son impact environnemental de 77% à 91%. Des acteurs spécialisés comme Back Market ou Recommerce proposent des appareils de seconde main garantis.
Votre entreprise peut aussi encourager la réparation des smartphones et éviter leur renouvellement trop fréquent.
Cela passe par de la pédagogie auprès de vos collaborateurs pour les sensibiliser aux enjeux. Vous pouvez aussi faire appel à des services qui facilitent la réparation de smartphones.
Sachez que certaines marques – comme Fairphone – développent des modèles de smartphones plus responsables, conçus pour durer et être facilement réparables.
Elles s’efforcent d’améliorer la traçabilité des minerais et les conditions de production.
En tant que TPE ou PME, vous devez orienter vos achats vers ce type de fournisseurs engagés.
Plus largement, il faut essayer de promouvoir l’économie circulaire ainsi que les bonnes pratiques tout au long du cycle de vie des smartphones : éco-conception, reconditionnement, recyclage des matériaux, gestion responsable des déchets…
Vous réfléchissez à une démarche RSE en faveur de la transition écologique et sociale dans votre entreprise ?
Vers une utilisation plus responsable des smartphones
L’impact désastreux des smartphones sur l’environnement et les populations appelle à une véritable prise de conscience collective et un changement urgent de nos modes de production et de consommation.
Toutes les entreprises ont un rôle majeur à jouer, en intégrant pleinement ces enjeux dans leur stratégie RSE et leurs politiques d’achats. Elles doivent faire preuve d’exemplarité et de transparence, en appliquant les principes de la norme ISO 26000 à la gestion de leur parc de smartphones.
Chaque consommateur et chaque salarié peut aussi agir à son niveau. À cet effet, on peut privilégier des appareils reconditionnés, allonger leur durée d’usage et adopter des pratiques numériques plus raisonnables.
C’est par l’engagement de tous, entreprises et citoyens, que nous pourrons limiter les dégâts de nos smartphones et inventer un modèle plus durable, respectueux de l’humain, sans oublier de la planète !
Le saviez-vous ? Fertilidée vous accompagne !
Pour votre démarche RSE en entreprise, l’accompagnement bienveillant d’une expertise extérieure peut être la clé pour surmonter les obstacles et améliorer vos pratiques. Voilà pourquoi l’accompagnement RSE de Fertilidée est si précieux : il offre une approche flexible, accessible et véritablement impactante
