Le problème du gaspillage alimentaire en événementiel

Le problème du gaspillage alimentaire en événementiel

En France, l’alimentation représente le deuxième poste d’émissions de gaz à effet de serre par habitant. Imaginez donc si on gâchait cette nourriture produite ! C’est pourtant bien l’un des problèmes auquel fait face le pays. En effet, en France chaque année, on perd et gaspille 10 millions de tonnes de produits alimentaires. La valeur commerciale de cette perte est estimée à 16 milliards d’euros.

Le gaspillage alimentaire est donc un vrai sujet, et ce notamment dans le monde de l’événementiel. Selon les derniers chiffres, en France, l’événementiel gaspille pas moins de 30 000 tonnes de nourriture chaque année. Cela représente près de 60 millions de repas.

Face à ce constat, l’urgence est d’agir pour éviter de telles quantités de nourriture gâchée. D’autant plus que la réglementation évolue dans ce sens ! Nous nous intéressons dans cet article aux évolutions législatives qui visent à lutter contre le gaspillage alimentaire dans l’événementiel, puis nous vous donnerons des clés pour organiser des événements qui limitent ce problème !

Cet article a été rédigé en partenariat avec Melia Hope, société spécialisée en événementiel durable et engagé. Tout au long de votre lecture, vous découvrirez leurs astuces pour vous lancer simplement et efficacement dans l’anti-gaspi au sein de vos événements.

Prêts à dévorer cet article ? À vos fourchettes !

Une réglementation qui évolue dans le sens de l’anti-gaspi

Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, il faut de la volonté, mais celle-ci ne suffit pas toujours. C’est pourquoi un cadre réglementaire est parfois nécessaire pour encadrer les événements et les faire évoluer dans le bon sens.

C’est ce que propose une initiative de 2022 soutenue par l’Etat, qui consiste en un engagement en faveur de la transition vers l’économie circulaire. Celui-ci a été signé par l’UNIMEV, l’association des agences de communication événementielle et la fédération des métiers de l’exposition et de l’événement d’une part, et le ministère de la Transition écologique et le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance d’autre part.

Cet engagement de trois ans vise notamment à participer à l’atteinte des objectifs nationaux de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, promulguée le 10 février 2020 (loi AGEC en février 2020). Celle-ci encourage également la responsabilisation du secteur de l’événementiel. Elle vise un grand nombre de secteurs et ne concerne pas uniquement le gaspillage alimentaire, mais celui-ci fait partie de la liste des problèmes que veut résoudre cette loi.

Dans l’initiative de 2022, les professionnels s’engagent, entre autres, à :

  • réduire les déchets à la source et mieux valoriser ceux qui sont tout de même produits, notamment les déchets alimentaires ;
  • réduire le gaspillage alimentaire et favoriser le don à des associations.
 

Afin de garantir un suivi, ces engagements sont assortis de plusieurs indicateurs permettant d’évaluer les progrès obtenus grâce à la mesure. Le projet prévoit aussi un bilan à un an, ainsi qu’un observatoire national sur les déchets et les ressources secondaires dans le secteur de l’événementiel.

La réglementation pose un cadre auquel il est possible de se référer pour engager des changements dans ses événements. Mais comment réaliser de vraies actions contre le gaspillage alimentaire en événementiel ? Voyons cela !

En amont de votre événement

Bien avant la date de votre événement, il est primordial d’établir un plan d’action précis afin d’éviter le gaspillage alimentaire. Pour vous préparer au mieux, vos objectifs doivent être ciblés et chiffrés. 

Pour réduire au maximum l’impact écologique du système alimentaire de votre événement, il faut donc anticiper de nombreux points, que nous allons énumérer ici.

Bien choisir vos produits

Pour baisser l’impact de l’alimentation sur le bilan environnemental de votre événement, entourez-vous d’acteurs engagés !

Il est important de bien choisir les produits que vous allez utiliser. Vous pouvez travailler avec des prestataires qui privilégient :

  • les produits locaux ;
  • majoritairement végétaux ;
  • issus de l’agriculture biologique ;
  • en circuit court.
 

Ces produits sont en effet plus respectueux de l’environnement et de la santé. Votre événement permettra aussi de mettre ces prestataires en avant. Vous aiderez ainsi le déploiement d’alternatives respectueuses de l’environnement. Votre communication sur le sujet vous fera aussi bénéficier d’une meilleure image auprès de vos parties prenantes.

Ensuite, veillez à privilégier des traiteurs engagés dans une démarche anti gaspi. Cela peut se traduire par une politique de reprise des invendus, ou bien par des contacts avec des associations qui récupèrent les produits alimentaires non consommés à la fin de l’événement. Plus largement, pensez à prévoir en amont de l’événement une reprise des denrées non périssables, ou des produits non ouverts s’il s’agit de produits emballés, par le fournisseur chez qui vous avez commandé.

Le mot de Melia Hope :

“Notre première action a été de s’entourer d’un écosystème engagé et qui a le même objectif que nous, c’est-à-dire de réduire au maximum le gaspillage alimentaire lors des événements et proposer une offre plus douce pour la planète (végétarienne, vegan, etc.).

Pour cela, nous faisons par exemple appel à des traiteurs qui acceptent d’adapter au dernier moment la quantité de nourriture pour coller le plus possible au nombre de personnes qui seront présentes. Certains traiteurs proposent également de récupérer certains produits qui n’ont pas été consommés par exemple. On a également trouvé une entreprise qui récolte les restes alimentaires des événements pour les redistribuer à différentes associations (on ne peut pas le faire nous-même car tout cela est strictement encadré).“

Des stratégies anti-gaspi 

Faire des estimations de quantités précises

Le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas ! Pour éviter de gâcher des aliments, le mieux est d’avoir les estimations de quantités nécessaires les plus précises possibles. Pour cela, il est nécessaire de valider le nombre de convives le plus tard possible pour obtenir un nombre de personnes au plus proche de la réalité.

Plus votre délai de commande chez votre fournisseur sera court, plus vous pourrez vous rapprocher de la bonne quantité à prévoir. L’idéal est de passer la commande finale deux jours avant l’événement. C’est plus ou moins facile à réaliser en fonction de la taille de votre événement : si les quantités sont très importantes, il ne sera pas forcément possible d’obtenir des délais aussi courts. Vous pouvez aussi commander en deux fois pour assurer un certain volume, puis ajuster les quantités avec une deuxième commande plus rapprochée de la date.

Choisir le bon format de restauration

Pour assurer une bonne gestion anti-gaspi, il est important de ne pas négliger le choix de service que vous allez mettre en place.

Le mot de Melia Hope :

“Nous avons remarqué que le format qui crée le plus de déchets est le buffet. Nous essayons donc de privilégier d’autres formats de service, ou bien de proposer des systèmes de parts individuelles lorsque le format du buffet ne peut pas être remplacé.”

Parfois, un service à l’assiette permet de mieux gérer les quantités et d’ainsi limiter le gaspillage. En plus de cela, il est possible de proposer des portions ajustables. Ce fonctionnement permet aux personnes de :

  • ne pas devoir jeter ce dont elles ne voulaient pas ;
  • ne toucher que ce qu’elles vont manger.

 

Prêtez attention au pain ! Estimez les quantités de pain réellement nécessaires selon les menus proposés et adaptez la manière de le mettre à disposition. Par exemple, si le pain est largement présent dans les pièces du buffet, évitez de rajouter une distribution en libre-service, ou limitez les quantités proposées. Si le repas est servi à table, évitez d’en placer systématiquement dans l’assiette, laissez vos convives se servir selon leur appétit.

Enfin, simplifier l’offre alimentaire peut être un très bon moyen de limiter le gaspillage. Les personnes hésitent moins entre plusieurs choix, évitant ainsi le phénomène du “je goûte à tout”, souvent synonyme de restes dans l’assiette. Couplé à une communication adaptée, ce type de mesure est très bien reçu dans les événements.

L'association Altrimenti a mis en place un gâchimètre à pain pour mettre en avant la quantité de pain gaspillée

Une anticipation de l’utilisation des restes

Bien qu’une bonne préparation en amont permet de fortement réduire les restes et de réduire drastiquement le gâchis, il est très probable qu’il vous reste quelques produits à la fin de votre événement. La dernière étape pour parfaire l’organisation en amont de votre événement anti-gaspi est d’anticiper l’utilisation des restes alimentaires.

Vous pouvez anticiper une logistique de redistribution des restes alimentaires via des organismes ou associations. Ce projet nécessite de nommer une personne référente pour le Jour J, qui sera chargée de la coordination des parties prenantes et de la qualité des aliments à récupérer. Lors des salons ou des festivals, prévoyez des poubelles de collecte des déchets alimentaires compostables, avec une signalétique adaptée.

Pendant votre événement 

Le jour J est arrivé ! Maintenant, place aux actions anti-gaspi que vous pouvez mener pendant votre événement.

De la sensibilisation 

L’information sur vos actions et la sensibilisation des participants aux impacts du gaspillage auront pour effet direct de réduire celui-ci. Plus largement, la sensibilisation permet de faire avancer les choses, à votre échelle. N’hésitez donc pas à communiquer !

Faites connaître votre engagement pour un “événement zéro déchet”. Vous pouvez pour cela diffuser un petit guide à destination des parties prenantes.

Juste avant le repas ou l’ouverture du stand de restauration, il peut être judicieux de faire une courte intervention orale pour présenter et expliquer le travail effectué. Il est également possible de diffuser des supports de sensibilisation (flyers, affiches, etc.).

Enfin, vous pouvez également informer les participants sur la qualité des produits proposés. Mettez en avant les produits sous label et les bonnes pratiques du traiteur. Communiquez s’il y a lieu sur les engagements de l’entreprise contre le gaspillage alimentaire.

Des actions pour faciliter l’anti-gaspi

Le meilleur moyen d’éviter le gaspillage, c’est de le rendre visible. En effet, peu de personnes se représentent réellement les quantités gaspillées, et se déresponsabilisent. Pour cela, vous pouvez mettre en place un gâchimètre. Cela se fait notamment avec le pain.

Mettez également à disposition des poubelles de tri et idéalement un compost en fonction du type d’événement (un compost est plus facile à mettre en place pour des événements grand public que pour des événements B2B).

Le mot de Melia Hope

« Nous avons pour projet de développer un “kit de communication” à destination de nos clients afin de sensibiliser les participants aux événements sur la démarche “Zéro gaspillage alimentaire” et ainsi les engager dans la réduction de déchets. »

Après votre événement

Votre événement touche à sa fin. Bravo pour votre investissement ! Vos démarches anti-gaspi sont presque terminées, mais il reste encore quelques étapes.

Place aux bilans

Pour tenir les participants motivés et les encourager à reproduire cette démarche anti-gaspi,  n’oubliez pas de leur faire un retour avec un bilan à la fin de l’évènement.

Si possible, programmez un échange post-événement avec votre prestataire de restauration pour faire le point sur le gaspillage alimentaire :

  • ce qui a été acheté et non préparé ;
  • ce qui a été préparé et non servi ;
  • ce qui a été jeté par les participants.

 

N’oubliez pas de faire le bilan en interne pour définir les axes d’amélioration : qu’est-ce qui a fonctionné ? Le gaspillage a-t-il été réduit par rapport à vos anciens événements ? Quels sont les produits qui ont le plus créé de gaspillage ? Nombreuses sont les questions qui pourront vous faire avancer.

Communiquez !

Avant, pendant comme après l’événement, le plus important est de transmettre la fibre anti-gaspi ! Communiquez sur vos réussites, et n’hésitez pas à chiffrer : la quantité de gaspillage évitée, les économies réalisées, les repas donnés aux associations, etc.

L’anti-gaspi, c’est un engagement, et un travail sur le long terme. Ne vous découragez pas et avancez petit à petit aux côtés de vos parties prenantes. Entourez-vous d’acteurs engagés et faites avancer les choses à votre échelle. Vos événements n’en seront que plus valorisés, et valorisants !

Le mot de Melia Hope

« Chez Melia Hope, on a à cœur de proposer des événements engagés pour les autres et pour la planète. On s’est très vite rendu compte dès nos premiers événements que le gaspillage alimentaire est un vrai sujet, notamment dans l’événementiel. C’est pourquoi nous accompagnons les professionnels dans l’organisation d’événements engagés, engageants et responsables ! »

Un projet ? Un besoin d’accompagnement ? Contactez l’équipe Fertilidée pour faire germer vos idées, et semer des graines de transition. 🌱