L’économie circulaire en agroalimentaire

L’économie circulaire en agroalimentaire

Le concept d’économie circulaire est relativement nouveau, mais il gagne du terrain dans le monde aujourd’hui.

Il s’agit d’un système économique qui s’articule autour du principe de réduction des déchets et d’amélioration de l’efficacité, en éliminant le modèle linéaire traditionnel de production et de consommation.

Nous allons tenter – à travers cet article – de vous donner un aperçu de son fonctionnement, de ses avantages et de ses différences par rapport aux autres types d’économies.

Gros plan sur l’économie circulaire

Dans cette partie, nous aborderons l’économie circulaire au niveau des entreprises et des consommateurs, en examinant comment l’intégration de ces pratiques peut bénéficier aux deux.

Définition généraliste

L’idée derrière une économie circulaire est de :

  • Réduire les déchets ;
  • Se concentrer sur la création de ressources qui peuvent être réutilisées, réparées ou recyclées au lieu d’être jetées.

Les intrants, pour la production en France

L’économie circulaire est un modèle qui vise à s’éloigner de l’économie linéaire traditionnelle, très émettrice de gaz à effet de serre, de déchets et de pollution. 

Elle repose sur 5 principes clés, du plus vertueux au moins vertueux :

Au niveau commercial, les entreprises sont encouragées à réduire leur dépendance aux matières premières et à se concentrer plutôt sur la conception et la fabrication de produits qui minimisent les déchets et encouragent la réutilisation (avec des systèmes de location, par exemple) ou la remise à neuf des matériaux. 

Les entreprises sont également invitées à s’engager dans des cycles de vie des produits en « boucle fermée » – où les produits peuvent être collectés en fin de vie pour être réutilisés ou recyclés en de nouveaux produits – plutôt que de simplement les éliminer.

Cela aide les entreprises à maintenir la continuité des matériaux, tout en réduisant les impacts environnementaux tels que la pollution, les décharges et l’épuisement des ressources.

Les 5R de l'économie circulaire : Refuser, Réduire, Réutiliser, Rendre à la terre ; Recycler (du plus vertueux au moins vertueux)

Et du côté des consommateurs alors ?

Au niveau individuel, l’économie circulaire peut être mise en œuvre à travers un certain nombre de petits changements dans la vie quotidienne, pour utiliser les ressources plus efficacement, et plus longtemps.

En tant que consommateur, l’une des premières règles à mettre en place peut être la méthode BISOU, ou “comment sauver la planète et son compte en banque” :

  • Besoin : à quel besoin répond mon achat ? ;
  • Immédiat : puis-je attendre pour me décider ? ;
  • Semblable : ai-je déjà un objet qui remplit cette fonction ? ;
  • Origine : d’où vient le produit que je veux acheter ? ;
  • Utile : ce produit va-t-il m’apporter quelque chose de primordial ? 

En agroalimentaire

L’économie circulaire a été appliquée dans de nombreuses industries, y compris l’industrie alimentaire. En incorporant des processus de production en boucle fermée, les entreprises peuvent s’assurer que les ressources sont utilisées de manière plus durable tout au long du processus de production.

Les applications de l’économie circulaire dans l’agroalimentaire

Dans l’industrie alimentaire, les entreprises ont commencé à appliquer plusieurs stratégies du modèle d’économie circulaire à leurs opérations.

Par exemple, une entreprise peut utiliser des emballages compostables ou cuisiner avec des ingrédients excédentaires, afin de minimiser les déchets et d’optimiser les ressources.

Elle peut également créer des partenariats avec d’autres entreprises pour valoriser ses co-produits ou excédents de production.

Les produits alimentaires

Le concept d’économie circulaire gagne du terrain dans de nombreuses industries, en particulier pour les produits alimentaires. Les matériaux utilisés pour la production ainsi que les aliments en eux-mêmes sont utilisés plus efficacement, avec moins de pertes.

Les produits alimentaires peuvent grandement bénéficier des applications de l’économie circulaire car ils sont constitués d’une grande variété de composants, tels que les emballages et les ingrédients, et parce qu’ils nécessitent aussi la consommation d’énergie. Chacun de ces facteurs nécessite une gestion raisonnée. 

Au niveau des denrées alimentaires, nul doute qu’il y a encore largement de quoi s’améliorer. Ces dernières années, certains acteurs ont compris l’importance de valoriser les produits alimentaires. Une partie des produits comestibles qui ne répondent pas aux standards de commercialisation sont valorisés par le biais d’organismes caritatifs ou de magasins solidaires. Toutefois, cela n’est pas suffisant, il est primordial d’aller plus loin.

Par exemple, en réutilisant les aliments résiduels de la transformation alimentaire dans l’élaboration d’autres produits alimentaires, ou encore en les utilisant dans l’alimentation animale, comme engrais ou même dans la production de bio énergie.

Certaines grandes entreprises l’ont déjà compris et ont mis en place des mesures pour lutter contre ce gaspillage de ressources. 

Des marques comme Les Drêcheurs Urbains ou Circul’Egg valorisent les coproduits alimentaires en les réutilisant pour en faire de la bière pour le premier, ou les revendre en industrie pour le deuxième.   

Des campagnes telles que celle des « fruits et légumes moches » ont également vu le jour. Ces produits moins beaux ne sont plus jetés, mais vendus en moyenne 30 % moins chers que ceux qui répondent aux standards de l’industrie. Des produits avec des DLC (date limite de consommation) courtes sont par ailleurs proposés dans de nombreuses enseignes à prix cassés. 

Côté distribution, on trouve aussi des petites structures comme les épiceries Nous anti-gaspi ou Phenix, qui proposent par exemple des produits et paniers anti-gaspi à sauver, pour des prix plus bas. 

Toutes ces petites actions contribuent chacune à leur niveau à réduire le gaspillage de ressources alimentaires. Elles doivent maintenant être globalisées et systématiques, en sensibilisant au maximum le secteur privé et en légiférant au niveau public pour valoriser, voire imposer, ces pratiques de circularisation.

Les emballages

L’emballage joue un rôle important dans le maintien de la sécurité alimentaire et la réduction de notre empreinte environnementale.

L’industrie agroalimentaire cherche des moyens de réduire sa dépendance aux emballages à usage unique, qui demandent une grande quantité de ressources et peuvent souvent se retrouver dans les décharges ou les océans. 

Côté consommateur, de nombreuses épiceries vrac ouvrent leurs portes. Ces points de vente locaux valorisent davantage l’économie circulaire en proposant des produits pas ou moins emballés, à la découpe par exemple. Des alternatives en vrac se multiplient aussi en grandes surfaces (même s’il reste plus vertueux de privilégier les petits commerces locaux). 

Côté industries, les acteurs se tournent vers des solutions d’emballages réutilisables ou plus durables pour circulariser leurs modes de production. Les matériaux plus écologiques incluent les matières biodégradables (papier, carton non traités), ainsi que les alternatives plastiques comme l’acide polylactique (PLA) qui est biodégradable en compostage industriel. 

Les entreprises ont divers moyens d’agir comme opter pour la simplicité et éviter les suremballages, privilégier ce qui est recyclable ou recyclé, mais aussi la vente en vrac, etc. Un gros travail reste à faire, car la pollution plastique reste très présente chez les industries agroalimentaires. Neuf géants français ont d’ailleurs été mis en demeure par des ONG environnementales pour leur manque d’actions contre ce fléau. 

L’emballage idéal étant celui qu’on ne produit pas, la solution idéale est donc la limitation au maximum des emballages. 

Les bénéfices de l’économie circulaire en agroalimentaire

Dans le secteur agroalimentaire, l’économie circulaire offre plusieurs avantages et opportunités.

Efficacité des ressources

L’économie circulaire encourage l’utilisation efficace des ressources et maximise la valeur des sous-produits et des flux de déchets.

L’utilisation des déchets alimentaires réduit le besoin de ressources vierges et d’espace dans les décharges, ce qui réduit intrinsèquement les coûts. 

En optimisant l’utilisation des ressources, l’économie circulaire peut contribuer à réduire l’impact environnemental de l’industrie agroalimentaire : 

  • Réduction de l’utilisation des sols ;
  • Réduction des coûts énergétiques ;
  • Réduction de l’impact sur le vivant, etc.

Résilience

L’économie circulaire encourage les systèmes en boucle fermée et la production locale, ce qui peut renforcer la résilience du secteur agroalimentaire.

En produisant des aliments au niveau local, l’industrie peut réduire sa dépendance à l’égard des chaînes d’approvisionnement mondiales, qui sont vulnérables aux perturbations telles que les catastrophes naturelles, les conflits commerciaux et les pandémies.

Les systèmes en boucle fermée, tels que l’agriculture durable, paysanne et l’agriculture biologique, peuvent également améliorer la santé des sols, la biodiversité et la résistance au dérèglement climatique.

Opportunités économiques

L’économie circulaire peut créer de nouvelles opportunités commerciales et de nouveaux emplois dans le secteur agroalimentaire.

Par exemple, le recyclage et la réutilisation des biodéchets peuvent créer de nouvelles sources de revenus pour les agriculteurs, les entreprises de transformation alimentaire et les sociétés de gestion des déchets.

Le développement de systèmes alimentaires circulaires, tels que l’agriculture urbaine ou les AMAPs (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne, partenariat entre un groupe de consommateurs et un agriculteur), peut également créer de nouveaux marchés pour les aliments produits localement.

Chiffres, statistiques, prévisions

Selon un rapport de la Fondation Ellen MacArthur, l’économie circulaire pourrait apporter des avantages économiques significatifs au secteur agroalimentaire.

Le rapport estime que la transition vers un modèle circulaire pourrait créer une valeur économique de plus de 2 000 milliards d’euros d’ici à 2030, soit deux fois plus qu’avec un modèle linéaire.

Le rapport estime que l’économie circulaire pourrait réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur jusqu’à 48 % en Europe.

Vous souhaitez transformer les modes de production de votre entreprise vers un modèle plus durable ?

Voici ci-dessus un exemple d'utilisation de l’économie circulaire et ses stratégies par une entreprise de l'agroalimentaire, "pour trouver la meilleure voie de valorisation pour ses résidus organiques" - Science Presse.

Défis de l’économie circulaire dans l’agroalimentaire

Si l’économie circulaire offre de nombreux avantages, elle présente également certaines limites dans le secteur agroalimentaire.

Défis économiques

L’un des principaux défis de l’économie circulaire dans le secteur agroalimentaire est le manque d’incitations commerciales.

Chez les distributeurs, de nombreuses pratiques circulaires, telles que la réduction des déchets alimentaires et les systèmes en boucle fermée, nécessitent des investissements initiaux importants et peuvent ne pas avoir de retombées économiques immédiates.

Du côté des industries de transformation agroalimentaire, c’est davantage du côté du choix des matières premières que le levier se trouve. En effet, chaque déchet généré par ces industries est une perte sèche pour elles. 

En outre, les incitations actuelles du marché, telles que les prix bas et les volumes élevés, peuvent décourager certaines pratiques circulaires, qui donnent la priorité à la qualité, à la durabilité et à l’équité sociale.

Défis techniques

L’économie circulaire dans l’agroalimentaire est également confrontée à des défis techniques, tels que le besoin de nouvelles technologies et infrastructures pour permettre des systèmes en boucle fermée et la récupération des ressources.

Par exemple, le recyclage et la réutilisation des déchets alimentaires nécessitent des installations et des équipements spécialisés, qui peuvent ne pas être disponibles ou rentables immédiatement dans toutes les régions.

La mise en œuvre de pratiques circulaires nécessite par ailleurs de nouvelles compétences et connaissances, ce qui peut constituer un obstacle à leur adoption.

Défis d’attractivité

La mise en place de systèmes circulaires nécessite, dans de nombreux cas, des compétences et connaissances particulières. Compétences en analyse de cycle de vie, connaissances des impacts environnementaux (matériaux, énergie…), connaissance des externalités positives et négatives de certains procédés, pour n’en citer que quelques-uns. Cependant, il est toujours possible d’opérer des changements, sans avoir recours à un.e expert.e, et en faisant appel au bon sens dans les procédés. 

L’ADEME a également mentionné l’attractivité des métiers de l’économie circulaire, qui “doit être « travaillée » et les compétences revalorisées”. 

Les métiers de l’économie circulaire doivent être valorisés et les compétences requises enseignées au sein des formations pour permettre un développement plus efficace de la circularisation des industries agroalimentaires. Les industries doivent également se lancer dans un processus de circularisation, même s’il est infime au départ, pour opérer des changements significatifs par la suite. 

Facteurs sociaux et culturels

L’économie circulaire n’est pas seulement un concept technique et économique, mais aussi un concept social et culturel. L’adoption de pratiques circulaires dans l’agroalimentaire peut se heurter à des obstacles tels que les préférences, les habitudes et les perceptions des consommateurs. Par exemple, la consommation d’aliments biologiques et produits localement peut être perçue comme un luxe ou un marché de niche, plutôt que comme un choix courant. L’adoption de pratiques circulaires peut également nécessiter des changements dans les normes et les valeurs sociales, ce qui peut prendre du temps et nécessiter des efforts.

Pour mieux connaître l’économie circulaire, il existe un atelier dédié, la Fresque de l’Économie circulaire !

Les perspectives

Pour surmonter les limites de l’économie circulaire dans l’agroalimentaire, plusieurs aspects d’amélioration peuvent être envisagés.

Soutien politique

Le soutien politique peut jouer un rôle crucial dans la promotion de l’économie circulaire dans l’agroalimentaire.

Les gouvernements peuvent offrir des incitations, telles que des subventions, des crédits d’impôt et des politiques d’approvisionnement, afin d’encourager les pratiques et les investissements circulaires.

Ils peuvent aussi réglementer et normaliser l’utilisation de matériaux recyclés et réutilisés, et promouvoir les modèles d’entreprise circulaires et l’innovation.

Collaboration et réseaux

La collaboration et les réseaux peuvent également renforcer l’économie circulaire dans l’agroalimentaire.

Les partenariats entre les agriculteurs, les entreprises de transformation alimentaire, les entreprises de gestion des déchets et les chercheurs peuvent faciliter l’échange de connaissances, de ressources et de bonnes pratiques.

Les réseaux d’entrepreneurs, d’investisseurs et de consommateurs circulaires peuvent également créer de nouvelles opportunités pour l’innovation circulaire et le développement du marché.

Éducation et sensibilisation

L’éducation et la sensibilisation peuvent aussi promouvoir l’économie circulaire dans l’agroalimentaire.

Sensibiliser les agriculteurs, les transformateurs de produits alimentaires, les responsables de la gestion des déchets et les consommateurs aux avantages et aux pratiques de l’économie circulaire peut accroître leur motivation et leur capacité à adopter des pratiques circulaires.

Sensibiliser le public aux impacts environnementaux et sociaux de l’industrie agroalimentaire peut également créer une demande pour des systèmes alimentaires plus durables et plus circulaires.

En conclusion

L’économie circulaire offre de nombreux avantages et opportunités au secteur agroalimentaire, tels que l’efficacité des ressources, la résilience et les opportunités économiques.

Cependant, elle est également confrontée à plusieurs limites et obstacles, tels que les barrières du marché, les défis techniques et les facteurs sociaux et culturels.

Pour réaliser le plein potentiel de l’économie circulaire dans l’agroalimentaire, le soutien politique, la collaboration et l’éducation sont essentiels. En travaillant ensemble, les parties prenantes du secteur agroalimentaire peuvent créer un système alimentaire plus durable, plus résilient et plus équitable pour tous.

Pour en savoir plus sur l’économie circulaire et sur les avantages qu’elle peut apporter à votre entreprise et à l’environnement, contactez-nous dès aujourd’hui !