L’appel du 6 juillet : “1 milliard pour la transition juste”

Une fois n’est pas coutume, j’ai vécu un grand moment d’émotion la semaine dernière. Vous me direz : que vient faire l’émotion dans un message qui parle d’un milliard ? J’y arrive dans un instant.

D’abord un peu de contexte. Jeudi dernier, le 6 juillet 2023, s’est tenue la première rencontre d’un collectif né après un appel sur LinkedIn de Bastien Sibille au mois d’avril.

L’ objectif ?

Dans un premier temps, rassembler celles et ceux qui se reconnaissent dans la volonté de créer un fond citoyen pour financer la transition écologique et solidaire. Notamment pour faciliter la vie des SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif).

Dans un deuxième temps : obtenir ce fameux milliard et financer les bons projets !

De l’émotion, pourquoi ?! Tout simplement parce que la rencontre a commencé par la lecture d’une lettre de Claude Alphandéry, ancien résistant et grand artisan de l’Economie Sociale et Solidaire, adressée au collectif. Il commence par ces mots :

“[…] Je tiens à exprimer mon adhésion au plan d’action proposé tant il me rappelle – sans les rejoindre complètement – les grandes heures de la Résistance à l’envahisseur nazi : en 1940 une guerre effroyable, puis une répression implacable ; aujourd’hui, la violence plus contenue, plus sournoise de puissances financières qui mènent depuis les années 80 une course sans frein à la suprématie”

Comment ne pas être touché par ces mots ? Claude continue en comparant l’organisation nécessaire des maquis, notamment après l’instauration du STO, à cette résistance économique qui est nécessaire aujourd’hui.

Coopération”, “Apprentissage”, “Découverte de solutions” : telles sont les idées qui doivent nous inspirer aujourd’hui.

Deuxième prise de parole ensuite, avec des mots qui m’ont tout autant touché : Bastien Sibille revient sur le pourquoi de cette nécessaire entrée en résistance. Avec des mots d’une grande simplicité et d’une grande clarté, il nous rappelle que si les startups classiques arrivent à lever relativement facilement de l’argent, il n’en est rien pour les coopératives.

Quand une société bien connue des membres de l’ESS, Sorare pour ne pas la citer, lève un demi-milliard pour éditer des cartes virtuelles de foot, nous sommes nombreux à nous questionner. Pendant ce temps, Label Emmaüs, le site d’e-commerce éthique, ou encore Mobicoop, la plateforme de covoiturage libre et gratuite, peinent eux à assembler un petit million pour se financer.

Pourquoi est-ce aussi compliqué de se financer pour les coopératives de l’ESS ? Bastien l’explique très clairement :

“Quand je m’assieds devant des financeurs, je suis assez vite amené à leur dire trois choses : 1/ vous ne ferez pas de plus-value sur la revente des parts sociales au moment de votre sortie ; 2/ nous ne distribuons pas de dividendes ; 3/ vous n’aurez qu’une voix à notre assemblée générale. Généralement, à ce stade de l'énoncé, les fonds d’investissement quittent la table.”

Que faudrait-il pour changer la donne ? Bastien en donne un premier éclairage juste après :

“Financer nos actions de transition écologique et solidaire requiert de changer le rapport de la finance à la lucrativité du capital. La transition écologique requiert que le capital soit moins rémunéré. Voir pas rémunéré du tout. C’est la condition pour que des fonds puissent être tracés vers des organisations ayant encadré la rémunération du capital. Concrètement, cela veut dire que la dette doit être rémunérée de la façon suivante : taux d’inflation + 1% pour la gestion. Et que les plus-values de cession soient encadrées de la façon suivante : inflation + 1% pour la gestion + 1% pour le risque. Soit inflation + 2%.”

Ce n’est qu’un aperçu de ces deux textes qui m’ont particulièrement touché. Je vous invite très vivement à en lire l’intégralité ici. Et bien entendu, à rejoindre le réseau si vous souhaitez embarquer dans cette unique aventure !