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“Décroissance” : gros mot ou vraie solution ?

Temps de lecture : 5 minutes

“Décroissance” : gros mot ou vraie solution ?

Et si on arrêtait de confondre décroissance et retour à la bougie ?

Vous entendez le mot « décroissance » et tout de suite, les images fusent :

  • Récession, chômage, appauvrissement.
  • Fin de l’innovation, de la liberté, du confort.
  • Une société punitive, qui interdit tout sauf les pommes de terre vapeur et les conférences TEDx sur la frugalité.

Mais avez-vous déjà pris le temps de lire ce que disent vraiment les chercheurs et chercheuses qui défendent la décroissance ?

Pas les caricatures, pas les punchlines sur Cnews ou LinkedIn. Le vrai fond de ce concept.

Parce qu’en réalité, la décroissance n’est pas un repli.

C’est un choix réfléchi. Une critique du modèle économique actuel qui repose sur une croissance illimitée… sur une planète limitée.

Et un appel à repenser ce qui compte vraiment : le bien-être, la santé, la justice, le sens, la réponse à nos vrais besoins fondamentaux…

Dans cet article, on vous propose de démystifier tout ça.

De Timothée Parrique à Jason Hickel, en passant par des expériences locales, des mouvements citoyens, et des entreprises qui osent sortir du “toujours plus”, on vous embarque pour une exploration sans œillères.

La décroissance, ce n’est pas la récession (et encore moins le chaos)

Commençons par ce que la décroissance n’est pas.

Elle n’est pas une crise subie, comme celle de 2008 ou celle du Covid.

Elle n’est pas un arrêt brutal de l’économie.

Et elle n’est pas une idéologie punitive anti-progrès.

Dans son livre Ralentir ou périr (2022), Timothée Parrique, économiste français, l’écrit clairement et nous explique que la décroissance, c’est la réduction planifiée et démocratique de la production et de la consommation dans les pays riches, pour alléger notre pression sur la biosphère tout en améliorant le bien-être.

C’est donc un projet volontaire, structuré et surtout profondément juste.

Pourquoi en aurait-on besoin ? Parce que la croissance économique, telle qu’on la poursuit aujourd’hui, est insoutenable :

  • Le GIEC le dit depuis des années : rester sous les 1,5°C de réchauffement mondial est impossible sans remise en cause du modèle productiviste.

  • L’empreinte écologique des pays du Nord dépasse largement ce que la planète peut supporter.

  • La croissance du PIB ne bénéficie plus aux plus pauvres depuis longtemps — elle creuse les inégalités.

Alors non, on ne parle pas ici d’un effondrement façon Mad Max. On parle d’un atterrissage contrôlé, planifié, pour éviter justement… de tout crasher.

En fait, la dé-croissance, c’est arrêter de faire de la croissance du PIB une religion !

Ce que propose concrètement la décroissance

Contrairement à ce que disent ses détracteurs, la décroissance ne se contente pas de critiquer.

Elle propose des pistes très concrètes, basées sur des décennies de travaux en économie écologique et en sciences sociales.

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Voici quelques exemples :

a) Réduire le temps de travail

Pourquoi continuer à faire travailler tout le monde 40 heures par semaine alors que la productivité a explosé ?
Réduire le temps de travail, c’est :

  • partager l’emploi (et donc lutter contre le chômage),

  • améliorer la qualité de vie,

  • réduire l’empreinte carbone (moins de trajets, moins de consommation).

➡️ En France, des expérimentations comme chez LDLC (passage à 4 jours/semaine) ont montré des résultats positifs sur le bien-être et la productivité.

b) Relocaliser l’économie

Pourquoi faire venir des fraises du Chili ou des t-shirts du Bangladesh, produits dans des conditions indignes, quand on peut relancer des circuits courts, des coopératives locales, de l’artisanat durable ?

➡️ De nombreuses villes s’y mettent : Barcelone, Grenoble, Amsterdam.
Elles investissent dans des régies publiques, des monnaies locales, des cantines 100 % bio/local.

c) Sortir de l’obsession du “toujours plus”

La décroissance pose une question simple : jusqu’où faut-il produire ? et pourquoi ?

Produire pour produire ne fait pas le bonheur. Ce qui fait le bonheur, selon les recherches en économie du bien-être :

  • la qualité des liens sociaux,

  • la santé,

  • la sécurité matérielle de base,

  • du temps libre et du sens.

Donc pourquoi continuer à fabriquer des gadgets inutiles qui finiront au fond d’un placard ou sur LeBonCoin trois mois plus tard ?

Et les entreprises dans tout ça ? Fuir ou s’adapter ?

C’est souvent là que le malaise commence.

Beaucoup d’entreprises, surtout en phase de croissance, voient la décroissance comme un danger existentiel.

“Si on ne vise plus la croissance, à quoi bon entreprendre ?”

Mais cette question révèle justement un problème de fond : on a confondu croissance et progrès.

On a oublié que créer de la valeur, ce n’est pas forcément croître sans fin. C’est répondre à des besoins réels, utiles et de manière durable.

Des entreprises s’engagent déjà dans cette voie. Quelques exemples inspirants :

  • Coopaname, en France, coopérative d’activité qui met la coopération avant la rentabilité.

  • Patagonia, qui a affirmé : “We’re in business to save our home planet” — et limite volontairement sa croissance.

  • Des ressourceries, repair cafés, ateliers partagés… qui font du réemploi et de la sobriété leur cœur de métier.

  • Et Fertilidée, qui a une mission claire : rendre la durabilité/RSE accessible aux TPE et PME. 🙂

Et du côté des structures plus classiques, intégrer la logique de décroissance, c’est aussi :

  • repenser sa chaîne de valeur pour réduire son impact,

  • viser la durabilité plutôt que le volume,

  • s’impliquer dans les communs (ressources partagées, innovation ouverte, gouvernance éthique).

La transition vers une économie post-croissance ne veut pas dire l’arrêt de l’activité, mais sa transformation.

Et elle peut être source d’innovation, de fidélisation, d’attractivité — notamment pour les jeunes générations.

Le rôle clé des coopératives dans la nouvelle économie post-croissance

Quand on parle de décroissance et de réinvention de l’économie, impossible de passer à côté des coopératives.

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Ces structures, souvent encore méconnues du grand public, incarnent pourtant un modèle alternatif très concret et puissant.

Qu’est-ce qu’une coopérative ?

Une coopérative, c’est une entreprise possédée et gouvernée par ses membres — qu’ils soient salariés, producteurs, consommateurs ou citoyens. Ici, la logique du profit à tout prix cède le pas à celle de la finalité sociale, environnementale et économique partagée.

Pourquoi les coopératives ont-elles toute leur place dans la décroissance ?

  1. Gouvernance démocratique
    Les décisions sont prises collectivement, souvent selon le principe « une personne = une voix ». Fini les diktats d’actionnaires lointains ! Ce fonctionnement favorise une vision à long terme, compatible avec la préservation des ressources et l’intérêt commun.

  2. Mise en avant de la coopération plutôt que de la compétition
    Les coopératives encouragent la mutualisation des ressources, le partage des savoirs, la solidarité locale. Plutôt que de chercher à écraser ses concurrents, elles inventent des modes de collaboration vertueux, dans lesquels la qualité de vie des membres compte autant que la rentabilité.

  3. Ancrage local et durable
    Contrairement à des chaînes multinationales, les coopératives sont souvent très attachées à leur territoire. Elles privilégient les circuits courts, l’économie circulaire, et renforcent le tissu économique local. Ce sont des acteurs majeurs pour une économie relocalisée et résiliente, pilier de la décroissance.

  4. Expérimentation et innovation sociale
    Elles testent des formes alternatives de travail (SCIC comme Fertilidée, coopératives d’activité, SCOP, mutuelles de salariés), des modèles de production responsables et transparentes. Ce sont de véritables laboratoires d’une économie plus juste, sobre et humaine.

Conclusion : grandir autrement, c’est mûrir

Alors non, la décroissance n’est pas un projet passéiste.
C’est peut-être, au contraire, le projet politique et économique le plus lucide de notre époque.

Parce qu’il ose poser les vraies questions :
→ De quoi avons-nous vraiment besoin ?
→ Pourquoi produisons-nous ?
→ Qui décide ?
→ Jusqu’où peut-on aller sans se détruire ?

Et parce qu’il ne se limite pas à une posture critique. Il propose une boussole, un imaginaire nouveau, qui remet la vie au centre.

✊ Quelques premières pistes d’action :

  • Lire Ralentir ou périr (Parrique), Less is more (Hickel), ou La décroissance (Latouche)

  • Écouter le podcast Présages (notamment les épisodes avec Aurélien Berlan ou Pablo Servigne)

  • Intégrer la notion de limites planétaires dans sa stratégie RSE

  • Valoriser le care, la coopération, le sens — plutôt que la performance brute

  • Parler de tout ça, en équipe, entre pairs, en famille : parce que c’est comme ça que les imaginaires changent

Chez Fertilidée, on pense que le changement ne viendra pas d’une licorne ou d’un algorithme.
Il viendra de celles et ceux qui osent ralentir pour mieux avancer.