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RSE : faut-il être transparent à 100% en entreprise ?

Temps de lecture : 5 minutes

RSE : faut-il être transparent à 100% en entreprise ?

Vous avez peut-être entendu que la transparence est une clé pour réussir une transformation de votre entreprise vers la durabilité.

Mais est-ce qu’il faut être transparent à 100% ? Tout le temps et pour tous les sujets ?

Chez Fertilidée, nous accompagnons nos clients dans leur démarche de durabilité. Et ces questions arrivent assez rapidement, dans beaucoup d’entreprises.

La question de la transparence est souvent attendue, mais pas complètement “pensée, alors on vous propose un article dédié au sujet !

La transparence, dans ses origines

L’étymologie du mot “transparence”

A l’origine, le mot transparence vient du latin transparere.

Cela signifie “qui laisse passer la lumière à travers soi”, le mot se rapproche donc initialement de la clarté, de la visibilité, de la lisibilité…

Mais vous le savez comme nous, aujourd’hui son acception plus courante est davantage du domaine moral.

Etre transparent, pour une personne ou une organisation, c’est ne rien cacher de ce qu’on pense, de ce qu’on fait, de ce qu’on compte faire…

Et le moins qu’on puisse dire, c’est que cette idée n’a pas laissé indifférents les philosophes dans l’Histoire.

Platon, Aristote, déjà chez les Grecs anciens

Platon et sa fameuse allégorie de la caverne fait jouer le concept.

Il y imagine des êtres dans une caverne, qui ne peuvent percevoir la réalité extérieur, que par un jeu d’ombres leur parvenant, de manière parcellaire.

Cette image nous pousse à réfléchir à notre perception, faussée, partielle et partiale, du monde, mais évoque aussi l’idée que la solution se trouve dans la transparence. Rendre le monde intelligible, cela passe par ne “rien cacher”.

Son compatriote et contemporain, Aristote, donne également une valeur importante à la franchise, à l’absence de duplicité.

Le Christianisme, la transparence entre Dieu et les humains

 Un peu plus tard, la religion chrétienne affecte une grande valeur à la lumière divine, à l’absence de toute dissimulation envers le Dieu tout puissant.

En particulier, il s’agit de régulièrement confesser nos offenses et péchés, d’être d’une transparence totale donc.

Et Machiavel fait entrer la stratégie dans la danse

Niccolò Machiavelli, de son vrai nom, poète et philosophe italien, mort en 1527 est un véritable stratège.
 
Pour lui, la dissimulation et la duperie sont de bonne guerre, voire des armes légitimes en politique et dans l’usage du pouvoir.
 
Le Prince (ou le PDG si vous préférez) ne doit pas tout dire.
 
Au contraire, il se doit d’être rusé, malin… de dissimuler les apparences.
 
Jusqu’à ce qu’on arrive à nouveau aux Lumières…

Des Lumières très rationnelles

L’ensemble de l’Histoire des idées évoquées plus haut détermine notre conception de la transparence, en tant que concept éthique.
 
Mais soyons clairs, en Occident, le Siècle des Lumières est véritablement le socle de notre monde intellectuel.
 
Rousseau est partisan d’une transparence totale. Il veut que l’Homme soit à l’état de nature, dans toute sa vérité.
 
Avec la Révolution Française, précédée par la Révolution américaine, les citoyens se mettent à exiger une transparence de leur gouvernants.
 
Les lois doivent être claires et appliquées de la même manière pour tous, les débats parlementaires doivent être publics, les élus sont contrôlés et redevables.
Bref, la transparence rentre dans le domaine public et politique.
 
Aujourd’hui, elle s’immisce depuis quelques décennies dans l’entreprise, en particulier avec la montée en puissance de la RSE.
 

La transparence en entreprise, quelle signification ?

La transparence, une injonction du XXIe siècle

Aujourd’hui, toute entreprise “engagée” se doit d’être transparente.

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C’est même devenu une attente sociale, une exigence réglementaire, un argument marketing, un levier RH. Bref : un mot-valise, partout. Et nul part ?

Mais que recouvre-t-il vraiment ? Dire ce qu’on fait ? Montrer comment on le fait ? Prouver que c’est fait ? Reconnaître ce qui ne l’est pas (encore) ?

Dans les faits, la transparence en entreprise prend des formes multiples, souvent juxtaposées sans cohérence.

Petit inventaire des transparences en entreprise

Bon faisons le point, que recouvre la transparence en entreprise ? Voici une liste :

  • Transparence financière : bilans publiés, rémunérations des dirigeants, mécénat, fiscalité…

  • Transparence sociale : égalité femmes-hommes, politique de recrutement, turnover, conditions de travail…

  • Transparence environnementale : émissions carbone, usage des ressources, gestion des déchets, dépendances critiques…

  • Transparence dans la chaîne de valeur : sourcing matières premières, relations fournisseurs, audits…

  • Transparence algorithmique (plus récente) : comment les IA, les plateformes ou les décisions automatisées fonctionnent (ou pas).

Chacune de ces dimensions répond à des obligations ou des attentes différentes : légales, contractuelles, sociétales ou réputationnelles.

Le piège du transparency washing

Attention ! Comme pour le greenwashing, la transparence peut être instrumentalisée.
Voici quelques exemples :

  • Publier un rapport RSE de 80 pages… sans dire un mot sur les pratiques d’achat.

  • Donner l’illusion d’être un vrai livre ouvert, en partageant uniquement des chiffres choisis, hors contexte, qui valorise l’entreprise.

  • Valoriser un score Ecovadis ou un label, sans expliciter les limites ni les marges d’amélioration.

Résultat : la transparence devient une stratégie de mise en scène, parfois aux dépens de la sincérité. Ce n’est plus ce qu’on révèle qui compte, mais ce qu’on veut que l’autre perçoive.

Et les dirigeants, faut-il qu'ils soient 100% transparents ?

Tout dire ? Non. Dire ce qui compte ? Oui.

Prenons un exemple éclairant : celui de l’État.

Dans un régime démocratique, l’État ne peut pas tout dire. Il n’annonce pas publiquement chaque opération militaire spéciale, chaque infiltration de réseau criminel ou chaque stratégie d’intervention à venir.

Pourquoi ? Parce que la transparence intégrale irait à l’encontre de l’efficacité, voire de la sécurité.

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Mais cela ne signifie pas qu’il n’y a aucune transparence : l’État reconnaît qu’il existe des opérations de ce type, qu’elles répondent à des règles précises, sont soumises à un contrôle (parlementaire, judiciaire, etc.) et qu’elles s’inscrivent dans une stratégie globale.

Autrement dit, ce n’est pas la transparence immédiate des actes, mais la lisibilité de l’intention et du cadre.

Et dans l’entreprise, alors ?

C’est exactement la même logique qui peut (ou devrait) s’appliquer à une entreprise responsable.

Non, un PDG ou un comité de direction ne peut pas tout dire en temps réel.

Parce que certaines décisions sont stratégiques, parce que des projets sont en discussion avec des partenaires, parce que certains arbitrages sont encore fragiles ou que des annonces prématurées peuvent déstabiliser les équipes, les clients, les marchés.

Mais cela n’exonère pas de rendre visible la structure de décision, les valeurs de référence, et les garde-fous.

Prenons quelques exemples :

  • Une entreprise n’a pas à dévoiler chaque piste de réorganisation envisagée… mais elle doit être claire sur le fait que des adaptations peuvent survenir, et sur les principes qui guideront ces choix (non-discrimination, dialogue social, maintien de l’emploi local, etc.).

  • Une direction n’est pas obligée de publier chaque euro dépensé… mais elle peut rendre transparentes ses priorités budgétaires, son ratio investissement court/long terme, ses efforts sur la formation ou la réduction des impacts.

  • Un comité RSE n’a pas besoin de détailler tous les débats internes, mais peut communiquer sur les thèmes travaillés, les indicateurs suivis, les points de vigilance identifiés.

Transparence ≠ exhibition

La transparence n’est donc pas une mise à nu permanente. Ce n’est pas une webcam braquée sur la salle de réunion.

C’est une posture : assumer qu’on agit dans un cadre lisible, cohérent, explicable, même si toutes les décisions ne sont pas immédiatement communicables.

Ce que les parties prenantes attendent, ce n’est pas forcément de tout savoir, mais de savoir que ça pense, que ça débat, que ça rend compte.

Bref, que ce n’est pas l’opacité par défaut, mais l’honnêteté comme repère.

Envie d’en parler ?

Chez Fertilidée, on pense que la transparence n’est pas une case à cocher, mais un acte de maturité.

Savoir ce qu’il faut dire, quand, à qui et pourquoi… c’est souvent là que tout se joue.

Pas besoin de tout dévoiler, mais tout peut être pensé avec cohérence, sincérité et courage.

Vous vous interrogez sur la posture de votre direction, la circulation de l’information, ou la façon d’impliquer vos équipes sans tout exposer ?

On en parle autour d’un café, d’une visio ou d’un atelier. Fertilidée vous guide.